Entre le dimanche des Rameaux et le Vendredi Saint, on est passé des acclamations enthousiastes aux insultes, aux crachats, aux coups, aux clous. Après les semaines d’intrigues des ennemis de Jésus, après la trahison de Judas, après la fuite des apôtres, en contemplant cette mort ignominieuse de la croix, peut-on parler d’une victoire du Christ ? Il a combattu, certes, mais tout, dans ce tragique dénouement, a le goût amer de la défaite. Pourtant, là où nous voyons, nous, une humiliation, saint Jean parle, lui, d’une glorification. C'est ce que nous montre aujourd'hui le Père Augustin-Marie. Considérant ce mystère, la liturgie du Vendredi Saint peut chanter : « Nous adorons votre croix, Seigneur [...] par elle vient la joie dans le monde entier ! »
Romano Guardini, Le Seigneur, 1945, t. II, p. 111 :
Le Christ en croix ! Personne n’épuisera jamais la connaissance de ce mystère ! Dans la mesure où l’on devient chrétien et qu’on apprend à aimer le Christ, on commence à en soupçonner quelque chose... ; à comprendre un peu comment toute action, tout travail, toute lutte cessent là ; comment, sans réserve et sans espoir d’une issue, tout, le corps, le coeur, et l’esprit sont plongés dans la fournaise ardente d’une souffrance qui dévore tout ; sont soumis à un jugement sur les fautes assumées à la place des hommes, jugement qui se prolonge sans solution, jusqu’à la mort... C’est alors qu’il atteint cette profondeur d’où la toute-puissance divine fait surgir la création nouvelle.
Aujourd'hui, jeûne et abstinence obligatoires. Si possible, je fais le Chemin de Croix. Sinon, je fais 15 minutes d’oraison dans une église ou dans ma chambre.